“Notre-Dame Que c'est beau !” Victor Hugo

Tout savoir sur la Cathédrale


Jusqu’à la Révolution, la cathédrale est la propriété de l’archevêché de Paris. Elle est mise « à la disposition de la nation » par un décret du 2 novembre 1789. Depuis, l’État est propriétaire de la cathédrale.

L'État accorde deux millions d'euros par an à l'entretien et la rénovation de la cathédrale, tandis que l'Église prend en charge le fonctionnement courant pour plusieurs millions d'euros par an. La cathédrale emploie une cinquantaine de personnes, auxquelles s'ajoutent des bénévoles.

Structure et dimensions

Comme la plupart des cathédrales françaises, Notre-Dame de Paris a un plan en forme de croix latine. Son entrée et ses deux tours sont orientées ouest-nord-ouest, son abside est orientée est-sud-est. Le transept est orienté selon un axe nord-nord-est, sud-sud-ouest. La nef principale comporte dix travées, le chœur cinq. L’axe de celui-ci est légèrement dévié par rapport à l’axe de la nef. L’abside est semi-circulaire à cinq pans.

La nef est flanquée de doubles collatéraux qui se prolongent par un double déambulatoire. Après les trois premières travées, 29 chapelles latérales ou rayonnantes comportent un total de 37 travées quadrangulaires.

La cathédrale peut contenir jusqu’à 9 000 personnes dont 1 500 dans les tribunes.

Principales dimensions

longueur : 127 m
largeur : 48 m
hauteur des tours : 69 m
hauteur de la flèche : 96 m
largeur de la façade : 43,5 m
hauteur de la façade sans les tours : 45 m
longueur du chœur : 38 m
largeur du chœur : 12 m
longueur de la nef : 60 m
largeur du vaisseau central de la nef : 13 m
largeur de chacun des collatéraux : 5,9 m
hauteur sous toit de la nef : 43 m
hauteur sous voûte de la nef et du chœur : 33 m
hauteur sous voûte des collatéraux extérieurs : 10,1 m
hauteur sous voûte des collatéraux intérieurs : 10,5 m
hauteur sous voûte des tribunes : 8 m
hauteur des clochers : 69 m
profondeur (largeur) des tribunes : 5,9 m
longueur du transept : 48 m
largeur du transept : 14 m
nombre de fenêtres : 113
nombre de colonnes et piliers : 75
superficie intérieure : 4 800 m2
superficie totale : 5 500 m2 (à comparer aux 7 700 m2 d’Amiens)
superficie des points d'appui : 816,4 m2
diamètre de la rosace ouest : 9,70 m
diamètre des rosaces nord et sud : 13,10 m (13,36 m pour la rosace de Chartres)

Bien que construite après le chœur, la nef relève du premier style gothique, avec voûtes sexpartites, cependant sans alternance de piles fortes et de piles faibles comme on le voit à la cathédrale Saint-Étienne de Sens. Le transept, bien identifiable de l'extérieur du monument, ne fait pas saillie par rapport aux collatéraux et aux chapelles latérales. Il n'a pas de collatéraux.

Hormis le transept, l'élévation intérieure est à trois niveaux, avec grandes arcades, tribunes et fenêtres hautes. Dans les deux premières travées des deux bras du transept, l'élévation est cependant à quatre niveaux. Au XIXe siècle, le restaurateur Viollet-le-Duc entreprit de « corriger » la dixième travée de la nef, en y recréant les quatre niveaux tels qu’ils se présentaient avant les modifications apportées dans les années 1220 au plan initial. Depuis lors, certains spécialistes estiment que cette dixième travée est l’œuvre de Viollet-le-Duc, affirmation peut-être exagérée dans la mesure où seule la partie supérieure a été transformée. Cette modification délibérée a justifié des vives critiques à son encontre.

Les façades nord et sud du transept présentent de magnifiques rosaces ornées de vitraux, parmi les plus grandes d’Europe, avec un diamètre de 13 mètres.



Matériaux de construction

La cathédrale est essentiellement bâtie en pierre de taille provenant des anciennes carrières de Paris, situées dans le 5e arrondissement dans un premier temps (lors de la construction du chœur), puis plutôt dans le 12e arrondissement et à Charenton (lors de la construction de la nef). On y exploitait des formations calcaires de grande qualité : les calcaires du Lutétien, datant de 40 à 46 millions d'années, très caractéristiques de l'architecture de toute la région parisienne. Les calcaires lutétiens ne sont pas présents partout, ils forment un étage géologique de quelques mètres d'épaisseur seulement à Paris, constitué de couches superposées et aux propriétés (texture, dureté) forts différenciées d'un banc à l'autre, et dont une partie seulement est utilisable. À l'époque gothique, on utilisait ces pierres depuis déjà plus d'un millénaire, depuis l'époque gallo-romaine, et on disposait donc d'une bonne connaissance des propriétés et du comportement de chacune des variétés vis-à-vis du vieillissement et des intempéries. Cette expérience a été mise à profit pour la construction de la cathédrale.

Les calcaires tendres, notamment des « lambourdes », ont été utilisés pour l'intérieur des murs et pour l'architecture abritée, comme les voûtes ou les arcades des tribunes. En revanche les calcaires coquillers durs (calcaires à cérithes, des coquilles coniques de gastéropodes fossilisées qui se sont déposées près du littoral au Lutétien), issus des « bancs francs » dans les carrières, ont été utilisés pour les pierres exposées à l'extérieur, ainsi que pour les assises des fûts des grosses colonnes à l'intérieur, qui doivent supporter du poids. Durant l'époque moderne, le calcaire dur à cérithes était surtout utilisé à Paris pour les soubassements des bâtiments, mais plus guère pour l'élévation. Le « liais », un calcaire lutétien dur et au grain très fin à petites milioles, dont la consistance se rapproche un peu du marbre, a été utilisé notamment comme pierre statuaire (comme la célèbre statue d'Adam), et pour quelques petits éléments architecturaux, comme les colonnettes monolithiques des tribunes et celles qui longent les piliers dans la nef (mais pas dans le chœur), ainsi que pour les meneaux et les remplages des fenêtres. Le liais n'étant présent qu'en un banc de faible épaisseur dans les carrières (30 à 40 cm d'épaisseur), il a déterminé le format allongé des sculptures. De par sa densité, il est propice à la mise en œuvre en délit (avec la stratification naturelle de la pierre disposée verticalement, et non horizontalement dans le sens naturel), mais cette disposition offre une plus faible capacité de charge.

Les calcaires lutétiens des carrières de Paris étaient réputés au Moyen Âge et exportés loin de Paris, en particulier le liais pour la sculpture gothique. On en retrouve à Chartres et à Auxerre par exemple.

Jusqu'à l'incendie de 2019, les charpentes de la toiture étaient en bois, principalement du chêne, et la couverture était faite de plaques de plomb. La grande flèche était constituée des mêmes matériaux.

Parvis

Le parvis est la grande esplanade sur laquelle s'ouvre la cathédrale. Le mot parvis vient du latin paradisius, paradis. Lorsque la cathédrale fut construite, le parvis était assez étroit. La cathédrale était située parmi d’innombrables bâtiments en bois de petite taille, telles que des maisons, boutiques et auberges. Une fontaine s'y trouvait de 1625 à 1755. Le parvis conserva des dimensions modestes jusqu’au xviiie siècle, époque à laquelle l’architecte Beaufrand l’agrandit. Il fut remodelé à plusieurs reprises par la suite, notamment depuis 1960.



On trouve sur le parvis le point de départ des quatorze routes nationales rayonnant depuis Paris, à quelques mètres de l'entrée de la cathédrale. Depuis le xixe siècle, de nombreuses fouilles archéologiques ont été entreprises sous le parvis de Notre-Dame de Paris, dont deux campagnes plus importantes : la première eut lieu en 1847 et fut menée par Théodore Vacquer, la seconde plus récente de 1965 à 1967 fut dirigée par Michel Fleury. Ces fouilles ont permis de mettre au jour d’importants vestiges gallo-romains et du haut Moyen Âge, et notamment les fondations d’un grand édifice religieux de forme basilicale à cinq nefs. Ces vestiges seraient ceux de la basilique Saint-Étienne, construite au ive siècle ou au vie siècle et qui était la cathédrale précédente. Une crypte a été aménagée afin de préserver l’ensemble de ces substructions et de les rendre accessibles au public : on l’appelle crypte archéologique du parvis Notre-Dame. Depuis l’été 2000, elle est gérée par le musée Carnavalet.

Tours

Les deux tours carrées de la façade occidentale ne sont pas exactement jumelles bien que construites sur un modèle identique : une base pleine surmontée des étages caractéristiques de l'élévation de la façade et un dernier étage dont les quatre faces sont percées de deux hautes et longues baies à voussures brisées ornées de boudins et de crochets. Une double ligne de gros crochets feuillus cerne le sommet de ces tours couvertes d'une terrasse de plomb bordée par une balustrade ajourée. La tour nord (gauche) d'époque un peu plus récente (construite de 1235 à 1250 environ) est légèrement plus forte et plus large que la tour sud (elle daterait de 1220 à 1240 environ), ce qui se remarque depuis le centre du parvis. À cette différence correspond, au niveau de l’étage du balcon de la Vierge situé sur la façade, une largeur nettement plus importante du contrefort nord de la tour nord par rapport au contrefort sud de la tour sud.

La cathédrale de Chartres est l'un des exemples en France où les tours sont surmontées de flèches. Projetées mais non construites au xiiie siècle, leur érection fut envisagée pendant la restauration de 1844-1864.

Entre les deux tours, à l’arrière de la galerie supérieure de la façade faite d’une colonnade, et à l’avant du pignon de la nef, il existe une sorte d’esplanade, toit plat qu’on appelle l’aire de plomb ou la cour des réservoirs. Des plaques de plomb la recouvrent, et des bassins y ont été aménagés qui contiennent de l’eau utilisable rapidement en cas d’incendie. En arrière de l’aire de plomb s’élève le grand pignon triangulaire qui termine à l’ouest le comble de la nef : sur sa pointe, un ange sonne la trompette.

Les tours de la cathédrale, hautes de 69 m, sont accessibles au public et offrent une vue imprenable sur Paris.

La tour sud abrite un escalier de 387 marches. Au premier étage, au niveau de la galerie des rois et de la rosace, se trouve une grande salle gothique comportant un comptoir d’approvisionnement pour touristes et visiteurs. On peut y voir en plus diverses statues originales de la cathédrale ainsi que des toiles de Guido Reni, Charles André van Loo, Étienne Jeaurat et Lodovico Carracci.

Façade ouest

La façade correspond en grande partie à la vision d’Eudes de Sully, évêque de Paris de 1197 à 1208. L'architecte des années 1200 adopte le parti traditionnel de la « façade harmonique » (façade symétrique et tripartite : soubassement percé de trois portails, le central plus large, les deux latéraux surmontés de puissantes tours abritant les cloches) mais la division horizontale tripartite ne reflète pas la division interne de l'édifice à cinq nefs. Sa construction dura un demi-siècle, de 1200 à 1250. Sa composition architecturale est une conception géométrique simple. Elle a une largeur de 43,5 mètres (135 pieds-du-roi) et une hauteur de 45 mètres (141 pieds), mis à part la hauteur des tours. Elle comporte, de bas en haut, l’étage des trois portails et des quatre statues dans les niches sur les contreforts (il s’agit, de gauche à droite de saint Étienne, puis de deux allégories, l’Église et la Synagogue, et très vraisemblablement de saint Denis), la galerie des rois, puis un étage occupé au centre par la rosace ouest de 9,6 m de diamètre qui semble auréoler la statue de la Vierge à l'Enfant, avec des deux côtés sous les tours, des fenêtres géminées surmontées de petites rosaces sous un arc en tiers-point, enfin un dernier étage de colonnades couronné de la galerie des chimères (animaux aux angles de la balustrade), reliant les deux tours et qui se prolonge sur les quatre faces de ces dernières. Au-dessus de l’ensemble, au nord et au sud, se trouvent les tours elles-mêmes, à toit plat.

La façade, à la fois rigoureuse et linéaire, met en valeur de façon étonnante le cercle du vitrail de la rosace inscrit au centre d’un carré de plus de 40 mètres de côté. Juste au niveau surplombant les trois portails, on observe la galerie des Rois de Juda (et non pas des rois de France). Ces reconstitutions sont l’œuvre de Viollet-le-Duc (il s’y est d’ailleurs lui-même représenté) et les fragments originaux peuvent être observés au musée national du Moyen Âge à l’hôtel de Cluny à Paris. La façade est soutenue à l’extérieur par quatre contreforts, deux pour chaque tour, encadrant les trois portails. Sur ces contreforts, des niches abritent quatre statues refaites au xixe siècle par l’équipe de restaurateurs de Viollet-le-Duc.



Portail du Jugement dernier

Il s’agit du portail principal de la cathédrale.

La sculpture du tympan date des années 1210. Elle représente d’une manière étendue les scènes du jugement dernier – lorsque, selon la tradition chrétienne, les morts ressuscitent et sont jugés par le Christ. Sur le linteau, on peut voir les morts sortir de leurs tombes. Ils sont réveillés par deux anges qui, de chaque côté, sonnent de la trompette. Parmi ces personnages, tous vêtus, on peut voir un pape, un roi, des femmes, des guerriers, et même un noir d’Afrique.

Statues du piédroit de gauche, du xixe siècle : 
les apôtres Barthélemy, Simon, Jacques le Mineur, André, Jean et Pierre


Le tympan du portail du Jugement dernier (xiiie siècle, linteau xixe siècle)


Statues du piédroit de droite, du xixe siècle : 
Paul, Jacques le Majeur, Thomas, Philippe, Jude et Matthieu


Sur le registre suivant, l'archange Michel utilise une balance pour peser les péchés et les vertus. Deux démons essayent de faire pencher l’un des plateaux de leur côté. Les élus sont à gauche, tandis qu’à droite les damnés enchaînés et terrifiés sont menés en enfer, poussés par d’autres démons, laids et cornus.

Sur le registre supérieur, le Christ, le torse à moitié nu pour montrer ses plaies, préside cette cour divine. Deux anges, debout, à droite et à gauche, tiennent les instruments de la Passion. De chaque côté, la Vierge Marie et saint Jean sont placés à genoux et implorent la miséricorde du Christ.

Les claveaux inférieurs des voussures sont occupées, du côté des damnés par des scènes de l'enfer, et du côté des élus, par les patriarches, parmi lesquels on voit Abraham tenant des âmes dans un repli de son manteau. Il s’agit là d’une démonstration bien concrète de l’imagerie chrétienne développée au Moyen Âge par l'Église, qui influence alors grandement le peuple. Encore, à cette époque la scène était entièrement peinte et dorée. Groupés au paradis sur les premières voussures, les anges qui regardent la scène du Jugement ont plutôt l’air curieux et étonné. L’impression générale est loin d’être pessimiste. L’enfer n’occupe qu’une très petite partie de l’ensemble et tout est fait pour souligner la miséricorde divine. La Vierge Marie et les saints du paradis, symbolisés par saint Jean, intercèdent pour l'humanité, et l’image de Jésus montrant ses plaies rappelle qu’il est venu sur terre en tant que Rédempteur.

La scène du Jugement dernier figure également sur de nombreuses autres cathédrales gothiques et notamment à la cathédrale de Chartres, ainsi qu’à celles d'Amiens, de Laon, de Bordeaux et de Reims. Ce portail, dont la scène du Jugement qui le surmonte, connut d’importantes déprédations au cours de la seconde moitié du xviiie siècle.

En 1771, sur commande du clergé, Soufflot le mutila sérieusement, supprimant les trumeaux et entaillant les deux linteaux en leur centre. Lors de la restauration du xixe siècle, Viollet-le-Duc enleva les parties latérales restantes des linteaux et les déposa au musée. Puis il reconstitua de manière admirable l’ensemble du Jugement Dernier, y compris les parties manquantes, aidé en cela par des dessins effectués avant les transformations de Soufflot. Ainsi seule la partie supérieure de la scène date du xiiie siècle, les deux parties inférieures étant modernes. Par contre les voussures entourant le tympan, et leurs sculptures sont d’époque, elles aussi.

Le trumeau fut également reconstitué par l'équipe de restaurateurs. La grande statue qui y figure, celle du « Beau Dieu » est l'œuvre d'Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume d’après le dessin maintes fois remanié de Viollet-le-Duc. Il est placé sur un socle où sont sculptés les arts libéraux. Quant aux douze grandes statues des Apôtres installées sur les deux piédroits du portail (2 × 6 statues), fracassées en 1793 par les révolutionnaires comme presque toutes les autres grandes statues de la cathédrale, elles sont également des reconstitutions du XIXe siècle, d’ailleurs admirablement refaites. On reconnaît successivement à gauche saint Barthélemy, saint Simon, saint Jacques le Mineur, saint André, saint Jean et saint Pierre. À droite : saint Paul, saint Jacques le Majeur, saint Thomas, saint Philippe, saint Jude et saint Matthieu.

Au piédroit gauche, du côté du paradis, figurent les vierges sages, alors qu'au piédroit opposé, se tiennent les vierges folles. Les sculptures de ces vierges ont également été refaites au XIXe siècle. Sous les grandes statues des piédroits on peut voir deux bas-reliefs conçus sous forme de médaillons, l’un à gauche, l’autre à droite, superposant des représentations des Vertus aux Vices opposés, et ce d’après des scènes de la vie, facilement compréhensibles par le peuple chrétien de l’époque. La Douceur par exemple utilise le symbole de l'agneau, la Force est représentée par une femme portant armure, l'Inconstance ou l'Indiscipline nous montre un moine jetant son froc aux orties... Cette thématique est reprise dans la rosace ouest. La plupart de ces scènes ont également près de huit siècles d'âge.

Ce portail est de loin l’endroit le plus populaire de la cathédrale, ce dont témoignent les innombrables photographies qui en sont prises. Tout concourt en effet à attirer les foules, chrétiennes ou non, du monde entier : l’équilibre et la lisibilité du sujet, ainsi que la réussite de la restauration du XIXe siècle qui fait qu’il est presque impossible au non-initié de distinguer ce qui date du XIIIe siècle et de ce qui fut recréé à l’époque de Viollet-le-Duc, et qui se fond dans l’ensemble.

Portail de la Vierge



Ce portail est dédié à la Vierge Marie. Il est un peu plus ancien que le portail du Jugement Dernier et date des années 1210. Gravement endommagé en 1793 (les neuf grandes statues avaient été détruites), il a fait l’objet d’une remarquable restauration au xixe siècle, grâce à une abondante documentation qui a servi de base à la restitution des statues. Dans le mur de la façade, autour des arcs du tympan, on remarque une cannelure pointue. Les bâtisseurs voulaient que ce portail fût différent des autres en l’honneur de la Vierge, à laquelle la cathédrale est dédiée.

Le portail comporte deux linteaux. Au linteau inférieur, des rois d’Israël et des prophètes entourent l’Arche d’alliance. Celle-ci se trouve juste au-dessus du dais recouvrant la statue de la Vierge à l’enfant, foulant aux pieds le serpent, symbole de Satan, et située au trumeau du portail (refaite au xixe siècle). Le linteau supérieur représente la « dormition » (mort) de la Vierge. Deux anges la sortent- ou la mettent? - du tombeau, en présence du Christ qui bénit sa mère et montre de la main gauche le ventre où la Parole de Dieu prit chair. Les apôtres y compris saint Paul entourent la défunte. Aux deux extrémités, saint Paul et saint Jean sont représentés abrités respectivement par le figuier et l'olivier.

Au sommet du tympan, on assiste au couronnement de la Vierge Marie. Celle-ci est assise à la droite du Christ ; et un ange, se trouvant au-dessus d’elle, place une couronne en or sur sa tête.

Les voussures encadrant le tympan sont occupées par des prophètes, des rois, des anges et des patriarches.

Les grandes statues des piédroits représentent notamment des saints parisiens. À gauche se trouvent un empereur (non identifié) et saint Denis décapité, portant sa tête et entouré de deux anges. À droite : saint Jean-Baptiste, saint Étienne, sainte Geneviève et le Pape Sylvestre. Les bas-reliefs mutilés des niches situées sous ces statues représentent des scènes de leur vie respective.

Particularité intéressante de ce portail : les faces latérales du trumeau, ainsi que les parties centrales des piédroits situées près des vantaux sont constituées d’une série de bas-reliefs représentant le zodiaque, les travaux des mois chez les pauvres et chez les riches, les saisons et les âges de la vie, le tout magnifiquement traité.

Lilith et le péché originel

La tentation d’Adam au jardin d’Éden par le diable, en l’occurrence la diablesse Lilith, 
grande séductrice dotée d’une queue de serpent


Enfin la partie inférieure du trumeau, sous les pieds de la Vierge est ornée d’un superbe bas-relief en trois séquences représentant le passage d’Adam et Ève au jardin d’Éden ou paradis terrestre, et la tentation d’Adam suivie du péché originel. La première scène nous montre Dieu prélevant une côte à Adam endormi au pied d’un arbre, et transformant la côte en Ève, afin qu’il eût une compagne « semblable à lui » comme dit le texte..

La seconde partie du bas-relief représente le péché originel. Le couple se trouve aux pieds de l’arbre de la connaissance du bien et du mal aux fruits défendus. Le diable a la forme d’une femme séduisante munie d’une longue queue de serpent. Il s’agit peut-être de Lilith, personnage biblique absente de la bible canonique, mais présente dans les écrits rabbiniques du Talmud de Babylone. D’après la tradition juive, elle serait la première épouse d’Adam qui aurait quitté le paradis terrestre à la suite de son refus de se soumettre à ce dernier en adoptant la position inférieure lorsqu’ils faisaient l’amour. Elle refusa ensuite d’obéir à Dieu qui lui intimait l’ordre de se soumettre à Adam. Chassée de la surface de la Terre, cette séductrice perverse finit par devenir diablesse et favorite de Lucifer. Elle revint tenter le couple dont elle était jalouse, afin de précipiter leur malheur. Cette idée est toutefois remise en cause par le fait qu'il est très rarement fait mention de Lilith dans les sources chrétiennes contemporaines.

Enfin la dernière scène de ce bas-relief représente l’expulsion des premiers hommes hors du jardin d’Éden. Il s'agit du mythe expliquant le passage de la Nature à la Culture, (selon Lévy-Strauss) l'Homme quittant là le statut animal. Dieu avait averti le serpent que la femme serait dorénavant sa pire ennemie et lui écraserait la tête. Le fait d’avoir précisément placé cette scène sous les pieds de la Vierge Marie, elle qui réhabilite totalement la femme et est nommée Nouvelle Ève, est hautement symbolique.

Portail Sainte-Anne




Le portail Sainte-Anne est dédié à la vie de sainte Anne, la mère de la Vierge. Il est en fait récupéré de l’église antérieure à la cathédrale actuelle. Il est constitué en grande partie de pièces sculptées vers 1140-1150 pour un portail plus petit. On peut donc distinguer dans l’ornementation du portail Sainte-Anne des pièces du XIIe siècle (le tympan et la partie supérieure du linteau, deux tiers des sculptures des voussures de l’archivolte, les huit grandes statues des piédroits, le trumeau), et d’autres du XIIIe siècle (partie inférieure du linteau et les autres statues des voussures de l’archivolte). Ces dernières ont été sculptées pour faire le raccord.


Les quatre grandes statues du piédroit de gauche du portail Sainte-Anne, anéanties à la Révolution ont été remplacées par celles-ci qui datent du XIXe siècle. De gauche à droite : Élie, la veuve de Sarepta, Salomon et saint Pierre.


Le trumeau du portail présente une grande statue de saint Marcel, évêque de Paris, foulant aux pieds le dragon de la légende. C’est en fait une copie effectuée au XIXe siècle. L’original se trouve dans la salle haute aménagée dans la tour nord. En 1793, la statue de saint Marcel du trumeau fut mutilée (visage) et les huit statues des piédroits déposées. Les couronnes furent également endommagées. Fort heureusement certains fragments furent redécouverts plus tard (dont un grand nombre en 1977), si bien qu’aujourd’hui on a pu reconstituer plus ou moins au musée de Cluny le portail d’avant la Révolution. Les huit grandes statues des piédroits que l’on peut admirer actuellement datent du xixe siècle. Elles représentent de gauche à droite et successivement : Élie, la veuve de Sarepta, Salomon et saint Pierre. Puis saint Paul, David, les sibylles, « prophètes » du Christ, et Isaïe.

Les deux linteaux ont été très visiblement sculptés à des dates différentes et par des sculpteurs de style fort différent. Le linteau inférieur constitue une pièce de raccord entre les deux portions du portail datant de l’époque de l’église antérieure. Il a été ajouté lorsque le portail fut remonté au début du xiiie siècle. Il présente une série de personnages aux formes lourdes possédant une tête disproportionnée et vêtus de draperies trop grandes. Sur le linteau supérieur se trouvent des scènes de la vie de sainte Anne et de la Vierge. Au-dessus des deux linteaux, le tympan présente une Vierge en majesté. Ce portail est connu principalement en raison de la polémique concernant deux des personnages figurant sur ce tympan. Autour du groupe comprenant la Vierge majestueuse tenant Jésus-Christ enfant dans ses bras et deux anges, se trouvent deux personnages : un évêque et un roi. La tradition veut que ces personnages représentent l’évêque Maurice de Sully, fondateur de Notre-Dame, et Louis VII, roi de France à l’époque. Mais certains experts mettent en doute cette théorie et soutiennent que le personnage religieux est saint Germain, évêque de Paris au vie siècle, et que le roi est Childebert Ier, fils de Clovis. D’autres experts affirment même que ces personnages ne peuvent pas être identifiés.

Enfin les deux vantaux de la porte sont dotés d’admirables pentures, chefs-d’œuvre de la serrurerie-ferronnerie du XIIe siècle.

Entre les portails

Les trois portails sont bordés de quatre statues (une statue entre chaque portail). Aux deux côtés du portail du Jugement dernier on peut reconnaître, à gauche, l'Église, et la Synagogue à droite. Cette dernière est une caricature des autres Synagogues (statues des cathédrales de Reims et de Strasbourg) dans le sens où son bandeau sur les yeux est un serpent.

Galerie des rois

Galerie avec les 28 rois ayant précédé le Christ


À vingt mètres du sol, une série de vingt-huit personnages royaux représente les vingt-huit générations des rois de Judée qui ont précédé le Christ. Chaque statue mesure plus de trois mètres cinquante de haut. Les têtes des statues datent du XIXe siècle et sont le produit des ateliers de sculpture de restauration placés sous la direction de Jean-Baptiste Lassus et Viollet-le-Duc à partir de 1844. En effet, les statues d’origine furent décapitées en 1793 pendant la Révolution française par les sans-culottes, qui, à tort, croyaient qu’elles représentaient des souverains du royaume de France. Il ne reste aujourd’hui que des fragments des statues médiévales.

Vingt-et-une têtes originelles ont été retrouvées en 1977, à l'occasion de travaux entrepris pour la rénovation de l'hôtel Moreau, rue de la Chaussée-d’Antin dans le 9e arrondissement de Paris, et sont actuellement exposées au musée national du Moyen Âge (musée de Cluny)84. Bien que mutilées par leur chute, elles ont conservé des traces de polychromie (du rose sur les pommettes, du rouge pour les lèvres, du noir pour les sourcils, etc.).

La galerie penche de 30 cm à droite comme à gauche, le sous-sol très instable étant probablement à l'origine d'une instabilité de l'édifice dès le début du XIIIe siècle.

Lors de la restauration de la galerie des rois en 1998-1999 sont apparus des inscriptions sur les bases de trois statues de rois :


  • statue d'Achab : « Pierre Émile Queyron, 1er inspecteur de Notre-Dame portrait par Chenillon son ami - 1860 »,
  • statue d'Éla : « Le visage de cette statue est le portrait de Viollet-le-Duc, architecte de Notre-Dame en 1858 sculpté par Chenillon »,
  • statue d'Amasias : « Antoine Lassus, architecte de Notre-Dame, mort en 1857 portrait par L. Chenillon son ami - 1859 ».


Les statues de la galerie des rois ont été commencées une dizaine d'années après le début des restaurations de Lassus et Viollet-le-Duc par une équipe entourant Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume.

Viollet-le-Duc représenté sous l'aspect d'un roi de Judée


Galerie de la Vierge

La galerie des Rois est surmontée d'une petite terrasse bordée d'une balustrade ajourée qui forme la galerie de la Vierge. Une statue de la Vierge est placée au centre, entourée de deux anges avec des chandeliers symbolisant d'un côté la Faute et de l'autre la Rédemption. Elle fut commandée par Viollet-le-Duc pour remplacer la statue originale de l’époque médiévale, sévèrement endommagée par les années et les conditions climatiques, et réalisée en 1854 par Geoffroy-Dechaume. La rosace ouest se trouvant derrière cette statue constitue une auréole idéale. Viollet-le-Duc plaça également des statues d’Adam et Ève (sculpté par Jean-Louis Chenillon) devant les trumeaux des baies géminées de chaque côté de la rosace. Il s’agit là, d’après la plupart des experts, de l’erreur principale de Viollet-le-Duc dans une restauration qui, sinon, peut être qualifiée de remarquable. Tout semble prouver qu’aucune statue n’ait existé à cet emplacement. Les statues d’Adam et Ève auraient en fait dû être placées dans les niches de la façade intérieure du bras sud du transept.

La galerie de la Vierge et la rosace ouest

Rosace ouest

Cette rosace semble énorme, mais bien qu’elle soit de dimension non négligeable, il s’agit en fait de la plus petite des trois rosaces de la cathédrale. Elle mesure neuf mètres soixante de diamètre. Elle fut presque entièrement refaite par Viollet-le-Duc lors de la grande restauration du xixe siècle. Au centre : la Vierge. Tout autour, il est possible d’observer les travaux des mois, les signes du zodiaque, les Vertus et les Vices ainsi que les prophètes.

Rosace ouest

Façades latérales de la cathédrale

La construction de la nef commença en 1182, après la consécration du chœur. Certains pensent même que les travaux débutèrent dès 1175, avant la consécration. Les travaux s’arrêtèrent après la quatrième travée laissant inachevée la nef tandis qu’on commença l’édification de la façade en 1208. L’édification de la nef fut reprise en 1218 afin de contrebuter la façade.

À la fin des années 1220, le quatrième architecte de Notre-Dame entreprit de modifier totalement le plan initial au niveau de la partie supérieure de l'édifice, alors que celui-ci était encore en cours de construction. L’obscurité de Notre-Dame, jugée trop importante dès le début de la construction, était devenue insupportable, surtout par comparaison avec la clarté dans laquelle baignaient les sanctuaires plus récents encore en construction. Une mise à niveau devenait indispensable si l'on désirait que la cathédrale restât la référence et ne fût pas considérée comme archaïque. On procéda donc à d’importantes modifications. L’architecte entreprit alors l’allongement des baies vers le bas par suppression de l’ancien troisième niveau, celui des roses de l’ancien édifice donnant sur les combles des tribunes. On supprima dès lors ces combles au profit d’une terrasse coiffant ces tribunes et formée de grandes dalles.

Se posait alors le problème de l’évacuation des eaux de pluie qui risquaient de stagner à la suite de la suppression du toit incliné des tribunes. L’architecte dut de ce fait introduire un élément nouveau dans l'architecture, dont nous sommes aujourd’hui encore héritiers : recueillir les eaux de pluie sous la toiture par un système de chéneaux, et les évacuer de proche en proche par des conduits verticaux vers un système se terminant au niveau de longues gargouilles destinées à les projeter au loin de l'édifice. Cela constituait un système tout à fait nouveau de gestion des eaux de pluie au sommet des bâtiments.

En corollaire toute une série d’autres modifications durent être effectuées au niveau supérieur de l’édifice (parties hautes du vaisseau principal) : reprise de la toiture et de la charpente, remontée des murs gouttereaux, création de chéneaux. Surtout on remplaça les arcs-boutants supérieurs à double volée par des grands arcs-boutants à simple volée lancés au-dessus des tribunes.

Grands arcs-boutants de la nef

Ces grands arcs-boutants sont remarquables et témoignent du génie de l’architecte de l’époque. Ils sont d’une seule longue volée, lancés au-dessus des collatéraux et leur tête soutient le haut des murs gouttereaux de la cathédrale. Ces têtes s’appuient au droit de conduits verticaux destinés à évacuer l’eau des chéneaux de la toiture de la nef. L’extrados des arcs-boutants est creusé d’une gouttière qui traverse le sommet de la culée et se termine par une longue gargouille. Ces arcs-boutants n’étaient pas essentiellement destinés à contrebuter l’édifice, mais à régler le problème de l’évacuation des eaux de pluie, devenu fort important après la transformation de la toiture des tribunes en terrasse. C’est ce qui explique la faiblesse relative de ces arcs. Leur construction est incontestablement une prouesse, ce qui se manifeste par leur grande longueur, mais aussi par leur minceur. Leur rôle étant faible dans le soutien de la voûte du vaisseau principal, l’architecte s’est permis d’être audacieux.

Il faut souligner que la grande portée de ces arcs-boutants est tout à fait exceptionnelle dans l’architecture gothique du Moyen Âge. En effet dans les édifices de l’époque, bordés de doubles bas-côtés ou de doubles déambulatoires, les culées de ces énormes arcs-boutants devaient prendre un terrain considérable en dehors des églises. Or le terrain était chose à épargner dans les villes du Moyen Âge, dont la superficie était rendue inextensible par les murs qui enserraient les cités. Les arcs-boutants de la cathédrale de Paris, qui franchissent d’une seule volée les doubles bas-côtés de la nef comme le double déambulatoire du chœur, sont un exemple unique. Ordinairement, dans ce cas, les arcs-boutants sont à deux volées, c’est-à-dire qu’ils sont séparés par un point d’appui intermédiaire qui, en divisant la poussée, détruit une partie de son effet et permet ainsi de réduire l’épaisseur des contreforts extérieurs ou culées. C’est ainsi que sont construits les arcs-boutants de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, ceux de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges, ainsi que ceux du chœur de celle d’Amiens ; ces trois derniers édifices sont eux aussi dotés soit de doubles bas-côtés soit d'un double déambulatoire.

Façade sud et portail Saint-Étienne

Commencé par Jehan de Chelles en 1258, le portail Saint-Étienne fut terminé par Pierre de Montreuil. Il se situe au niveau du bras sud du transept. Le tympan du portail Saint-Étienne est occupé par des bas-reliefs qui racontent la vie du premier martyr chrétien, saint Étienne, selon les Actes des Apôtres. Divisé en trois registres horizontaux superposés, le décor du tympan se lit de bas en haut et de gauche à droite : saint Étienne prêchant le christianisme et saint Étienne mené devant le juge au registre inférieur, la lapidation de saint Étienne et sa mise au tombeau au registre médian, et le Christ bénissant entouré de deux anges au registre supérieur. Le trumeau est occupé par une grande statue de saint Étienne, œuvre de Geoffroi-Dechaume exécutée au XIXe siècle.

La triple voussure de l’Intrados de la porte est sculptée de pas moins de vingt et un martyrs, auxquels des anges offrent des couronnes. On retrouve là saint Denis sans tête, saint Vincent, saint Eustache, saint Maurice, saint Laurent avec son gril, saint Clément, saint Georges, et d’autres dont l’identité n’a pu être déterminée. De chaque côté du portail trois statues d’apôtres, elles aussi modernes, destinées à remplacer celles fracassées par les vandales de la Révolution. Au-dessus du portail se trouve un gable ajouré surmonté de la magnifique rosace sud de la cathédrale offerte par saint Louis. Comme celle du nord, la rosace sud voit son diamètre atteindre 13 mètres, et, si l’on y ajoute la claire-voie sous-jacente, la hauteur totale de la verrière atteint presque 19 mètres.

Cette rosace fut redressée par Viollet-le-Duc au XIXe siècle, ce qui entraverait l’impression de rotation de la rosace. La raison de cette modification semble être que la rosace ait fort souffert au cours des siècles et surtout de l’incendie de l’archevêché déclenché par les insurgés de 1830. L’architecte-restaurateur constata de plus un affaissement important de la maçonnerie, et dut en conséquence reprendre entièrement cette façade. Il fit pivoter la rosace de 15 degrés à seule fin de lui donner un axe vertical robuste pour la consolider définitivement et éviter un affaissement ultérieur. Le maître verrier Alfred Gérente restaura à cette occasion les vitraux du xiiie siècle et reconstitua dans l’esprit du Moyen Âge les médaillons manquants. Au dernier étage de la façade, un remarquable pignon s’élève au-dessus de la rosace. C’est un des plus beaux exemples des pignons construits à l'époque (1257). Il est lui-même percé d’une rose ajourée, qui éclaire le comble du transept. Sur l’archivolte de la rosace est posé un entablement portant une balustrade, derrière laquelle court une galerie. Ceci permet le passage depuis les galeries supérieures de l’est de la cathédrale vers celles de l’ouest, galeries qui longent les toitures. Le pignon proprement dit s’élève de ce fait un peu en retrait par rapport à la rosace, et son épaisseur est de 70 centimètres. Il est allégé par la rose qui éclaire le comble et par des écoinçons. Deux grands pyramidions le flanquent formant les parties supérieures des contreforts qui contrebutent la rosace. Trois statues décorent le sommet et les deux angles inférieurs du pignon. Celle du sommet représente le Christ apparaissant en songe à saint Martin, revêtu de la moitié du manteau donné par ce dernier au pauvre de la légende. Les deux autres statues situées à gauche et à droite de la base du pignon, représentent saint Martin et saint Étienne. Le tout donne une impression de grande harmonie. La rose du comble est d'une proportion parfaitement en rapport avec la grande rosace du transept. D’après Viollet-le-Duc, la grande beauté de cette construction ne fut pas surpassée ailleurs dans l’architecture gothique.

Façade nord et portail du cloître

Le portail du cloître se situe au niveau du bras nord du transept, et a été construit vers 1250 par l’architecte Jean de Chelles. La construction de la façade nord est en effet un peu antérieure à celle de la façade sud.

Presque toujours dépourvue d’ensoleillement et située dans une rue animée, cette façade nord a moins de succès auprès des visiteurs que celle du sud. Un peu moins décorée, elle est divisée en trois étages, en léger retrait les uns par rapport aux autres. Le niveau inférieur est celui du portail surmonté de son grand gable. Le niveau moyen est constitué d’une gigantesque verrière comprenant la grande rosace, du XIIIe siècle, surmontant une claire-voie. Enfin l’étage supérieur est celui du pignon triangulaire masquant l’extrémité des combles du bras nord du transept.

Au trumeau du portail, une statue de la Vierge sans enfant. Cette statue a pu échapper à la destruction en 1793, mais l’enfant Jésus qu’elle portait a été brisé. On dit que c’est l’épouse de saint Louis, Marguerite de Provence, qui aurait servi de modèle au sculpteur. Les six grandes statues des piédroits détruites à la Révolution n’ont pas été reconstituées au XIXe siècle, lors de la grande restauration menée par Eugène Viollet-le-Duc. La partie inférieure du tympan, le linteau, représente des scènes de l’enfance du Christ. Ces sculptures sont parmi les plus belles œuvres sculptées sur ce thème. Elles montrent le rôle de Marie dès l’enfance de Jésus. Les quatre scènes représentées sont la naissance de Jésus dans une humble crèche, l’offrande au temple de Jérusalem après la naissance de Jésus, la persécution des enfants par le roi Hérode et la fuite en Égypte de Joseph et Marie pour protéger l’Enfant.

La partie supérieure du tympan présente le très populaire Miracle de Théophile, un des « Miracles de la Vierge » dont le Moyen Âge tardif était friand. Il s’agit d’une histoire « faustienne » du Moyen Âge. Théophile, clerc de l’évêque d’Adana en Asie Mineure, était jaloux de ce dernier. Pour le supplanter, il vend son âme au diable. Le pacte est consigné sur un parchemin que ce dernier emporte. Avec l’aide du diable, Théophile parvient à humilier son évêque. Mais il se repent et, ne sachant comment sortir de la situation où il s’est mis, il implore la Vierge. Celle-ci menace le diable et le force ainsi à remettre le parchemin.

La façade du croisillon nord présente les mêmes éléments architecturaux que celle du croisillon sud : un beau gable surmonte le portail, et une galerie de vitraux ou claire-voie occupe l’espace entre l’étage du portail et celui de la rosace. Celle-ci, grand chef-d'œuvre de l’architecture religieuse gothique, mesure plus de 13 mètres de diamètre, comme la grande rosace sud. Le tout est surmonté d’un pignon richement décoré et analogue à celui du sud, sans être identique. Il est percé d’une rose éclairant les combles du transept nord, ainsi que de trois oculi. À sa base, de chaque côté, s’élève un grand pinacle peu sculpté (contrairement aux voussures) ayant la forme d’un élégant clocheton, surmontant chacun un des deux puissants contreforts encadrant la façade.

La façade nord de Notre-Dame, largement privée de soleil et ne bénéficiant pas de la proximité du fleuve, n’a pas la même popularité que la façade sud souvent baignée de lumière. Formant la bordure sud de la rue du Cloître-Notre-Dame, elle gagne cependant à être admirée. On y retrouve un visage moins connu de Notre-Dame. Les gigantesques arcs-boutants, dotés de longues gargouilles grimaçantes et appuyés sur de massives culées, montrent clairement que la cathédrale est aussi une lourde et impressionnante construction de pierre. C’est au niveau de la face nord de la tour nord (16 mètres de largeur à la base) que cet aspect apparaît le plus nettement. La partie inférieure de la tour, haute de plus de 30 mètres, avec ses trois contreforts massifs, presque sans décorations ni ornements, avec ses blocs de pierre taillés avec rigueur et continuellement à l’ombre, donne même à l’édifice un aspect quelque peu écrasant.

Porte rouge

Vers 1270, le maître d’œuvre Pierre de Montreuil construisit une petite porte sans trumeau, appelée « portail rouge » en raison de la couleur de ses vantaux. Commandée par Saint Louis, cette porte était réservée aux chanoines du chapitre, afin de faciliter leur circulation entre Notre-Dame et l’« Enclos Canonial », quartier de l’Île de la Cité réservé aux demeures des chanoines et situé au nord-est de la cathédrale, entre le fleuve et cette dernière.

Saint Louis est représenté sur le tympan à gauche de la Vierge, couronnée par un ange. L’épouse de Saint Louis, Marguerite de Provence, se trouve à droite du Christ. Aux voussures entourant le tympan, on peut voir des scènes de la vie de saint Marcel, évêque de Paris. La porte rouge s’ouvre dans la cathédrale tout près du chœur, par une des chapelles latérales nord du chœur.

Bas-reliefs des chapelles du chœur

À gauche de la porte rouge, au niveau du mur extérieur des chapelles latérales du chœur, se trouvent sept bas-reliefs du XIVe siècle époque où ces chapelles furent construites, dont cinq se rapportent à la Vierge : sa Mort, son Ensevelissement, sa Résurrection, son Assomption et son Couronnement. Les deux derniers sont un Jugement Dernier avec Marie intercédant auprès du Christ, et une représentation du Miracle de Théophile.

Chevet de la cathédrale

Le chevet est constitué par un demi-cercle situé dans la partie la plus à l’est de la cathédrale. Il correspond à l’abside de l’intérieur de l’édifice, entourée du rond-point du déambulatoire et des chapelles absidiales. Le chevet est la partie la plus ancienne du sanctuaire. Il fut bâti durant la première phase de construction, de 1163 à 1180. Une série d’admirables grands arcs-boutants dotés d’élégants pinacles soutient son mur supérieur arrondi.

On ne sait pas si des arcs-boutants soutenaient dès le début le chevet et le chœur. Le fait est qu’on n’en trouve actuellement nulle trace. Au XIXe siècle, Viollet-le-Duc n’en fit pas mention non plus, et aucune source antérieure ne nous aide. L’opinion la plus généralement admise est donc qu’il n’en existait pas, tout comme les actuels bras du transept n’ont jamais été soutenus par des arcs-boutants. Les divers contreforts suffisent à soutenir l’ensemble. Les premiers arcs-boutants auraient dès lors été construits peu avant 1230, par le quatrième architecte de la cathédrale, et ce chronologiquement peu avant ceux de la nef. Comme pour la nef, leur fonction de soutien de l'édifice aurait été mineure au regard de leur rôle dans l’évacuation des eaux de pluie (voir le paragraphe concernant les arcs-boutants de la nef).

Ces arcs-boutants du début du XIIIe siècle furent remplacés au début du XIVe siècle par de nouveaux. Ceux-ci, d’une portée de 15 mètres, furent lancés par Jean Ravy pour soutenir le chœur et son chevet. Ils sont au nombre de quatorze autour du chœur, dont six pour le chevet proprement dit. Comme ceux du début du XIIIe siècle, ils paraissent particulièrement minces et audacieux. En effet, en plus de leur minceur source d’une apparente faiblesse, ces arcs-boutants, à l’inverse de ceux de la nef, sont percés d’un trilobe accentuant leur relative fragilité. Le chevet est décoré de sculptures et de panneaux représentant entre autres des épisodes de la vie de la Vierge.

Pentures des portes

Les portes de Notre-Dame de Paris sont décorées de pentures en fer forgé. Les vantaux de la porte Sainte-Anne sont garnis de pentures qui les recouvrent presque entièrement. Elles forment d’amples arabesques, des dessins de fleurs et de feuillages, et même des formes animales, témoins de l’art de la serrurerie aux XIIe et XIIIe siècles. Elles ressortent sur l’enduit dont on a recouvert les vantaux. Une légende affirme qu'un artisan parisien nommé Biscornet fut chargé d'habiller les vantaux des portes de la cathédrale de ferronneries et autres serrures. Devant l'enjeu de la tâche, il invoqua le Diable pour le soutenir, et l'esprit du Mal l'aida si bien qu'il fallut avoir recours à de l'eau bénite pour faire fonctionner les clés. Biscornet mourut peu de temps après l'accomplissement de son œuvre, et emporta son secret dans sa tombe. Mais le travail du métal est si particulier qu'aujourd’hui encore, paraît-il, les spécialistes n'expliquent pas la manière dont ont été ouvragées ses fameuses ferronneries, toujours visibles sur les portes de la façade principale. Il s'agit pourtant de reproductions réalisées au xixe siècle, les originales ayant été détruites à la Révolution. Il y a en hommage au serrurier-forgeron une rue Biscornet à Paris, près de la Bastille. Suivant une autre légende, les pentures des portails auraient été forgées par le diable lui-même dans les forges de l’enfer.

Les pentures des deux portes (nord et sud) du transept qui dataient du Moyen Âge ont été remplacées au XVIIIe siècle par des pentures de style gothique tel qu’on l’imaginait à l’époque. Quant au portail du Jugement, à la suite de l’intervention de Soufflot fin du XVIIIe siècle, les portes en furent remplacées par deux vantaux de bois adaptés aux nouvelles dimensions données à la porte à cette époque, et sculptés de deux effigies grandeur nature du Christ et de la Vierge. Viollet-le-Duc déposa les portes de Soufflot et reconstitua le portail tel qu’il était au Moyen Âge. Entre 1859 et 1867, le ferronnier d'art Pierre François Marie Boulanger effectua tous les travaux de serrurerie de la sacristie, il restaura les portails latéraux et réalisa les pentures du portail du Jugement dernier. Pour perpétuer le souvenir de ce travail et prouver que le diable n'y était pas intervenu, derrière chacune des pièces du milieu, il a gravé l'inscription suivante : « Ces ferrures ont été faites par Pierre-François Boulanger, serrurier, posées en août 1867, Napoléon III régnant, E. Viollet-le-Duc, architecte de Notre-Dame de Paris ».

Les bandes de ces pentures ont une largeur de 16 à 18 centimètres, sur une épaisseur de 2 centimètres environ. Elles sont composées de plusieurs bandes réunies et soudées de distance en distance au moyen d’embrasses. Celles-ci non seulement ajoutent une grande résistance à l’ensemble, mais permettent de recouvrir les soudures des branches recourbées.

Toit et charpente

Dans son testament, Maurice de Sully laisse la somme de cinq mille deniers pour le toit de la cathédrale, qui n’était recouvert que de matériaux temporaires jusqu’à sa mort en 1196. Le toit est recouvert de 1 326 tuiles de plomb de 5 millimètres d’épaisseur. Chacune a dix pieds-du-roi de long sur trois de large (1 pied-du-roi = 32,484 cm et une toise = 6 pieds-du-roi). Le poids total en est évalué à 210 tonnes.

Avec l’architecture gothique, la construction des ogives nécessite des toitures à forte pente. Celles de Notre-Dame de Paris sont de 55°. Au moment de l’édification de la charpente, les gros troncs se font rares étant donnés les défrichements de l’époque. Les charpentiers utilisent ainsi des bois à section plus réduite et donc plus légers, ce qui permet l’élévation des charpentes et l’accentuation de leur pente. Dans le chœur construit en premier, il existe une charpente antérieure avec des bois abattus vers 1160-1170. Cette première charpente a disparu, mais certaines de ses poutres sont réutilisées dans la seconde charpente, mise en place en 1220. À cette date, il est en effet procédé au rehaussement du mur gouttereau de 2,70 mètres dans le chœur, afin de le porter au même niveau que celui de la nef. Les fenêtres hautes sont également été agrandies.

Construite totalement en bois de chêne, la charpente est du style de l’époque de la construction de la cathédrale au début du XIIIe siècle (l’année 1220 est généralement retenue). Elle est familièrement appelée la « Forêt de Notre-Dame ». Ses dimensions sont de 120 mètres de longueur, 13 mètres de largeur dans la nef, 40 mètres de longueur dans le transept et 10 mètres de hauteur. Au total la charpente de bois a été constituée de 1 300 chênes, ce qui représente plus de 21 hectares de forêt.

À partir de 1843, les architectes Lassus puis Viollet-le-Duc reprennent la toiture, qui n'avait plus été entretenue depuis Louis XVI. D'une part, ils consolident et restructurent la charpente. D'autre part, ils renouvellent complètement les techniques des toitures en plomb, en utilisant des tasseaux à chanfreins très inclinés supportant les plaques de plomb maintenues par des agrafes sur un plancher de sapin (dit voligeage) porté par la charpente. Pour permettre une meilleure étanchéité, ils font souder les plombs à la chaleur.

La charpente est complètement détruite par l'incendie de 2019 alors qu'elle n'avait pas connu d'incendie majeur jusque-là.

Gargouilles du Moyen Âge

Les gargouilles ont été mises en place à l’extrémité des gouttières pour évacuer l’eau de pluie de la toiture et ne désignent que les extrémités des conduits d’écoulement des eaux. Comme elles dépassent dans le vide, les masses d’eau parfois impressionnantes des averses sont rejetées loin des murs de la cathédrale qui ainsi ne s’abîment pas. Elles ont souvent la forme d’animaux fantastiques, voire effrayants. Elles datent du Moyen Âge. Des gargouilles se trouvent notamment au niveau des grands arcs-boutants du chœur. Le système d’écoulement des eaux du toit de l’abside se termine par une canalisation sur le sommet des arcs-boutants puis par de longues gargouilles.

Chimères de Viollet-le-Duc

Les chimères sont ces statues fantastiques situées en haut de l’édifice, au sommet de la façade : la Galerie des chimères. Tous les angles de cette balustrade servent de support ou de perchoir à des démons, des monstres et des oiseaux fantastiques. Ces éléments n’existaient pas au Moyen Âge et ont été ajoutés par Viollet-le-Duc dans un style néo-gothique au XIXe siècle.

Flèche

La première flèche fut construite au-dessus de la croisée du transept au XIIIe siècle, vraisemblablement entre 1220 et 1230. Des constructions aussi hautes souffrent du vent qui plie et affaiblit leurs structures : la flèche fut lentement déformée et les solives se faussèrent. Elle fut démontée en 1786, après plus de cinq siècles d’existence.

La cathédrale resta sans flèche jusqu’à la restauration dirigée par Viollet-le-Duc et réalisée par les Ateliers Monduit au milieu du XIXe siècle. Cette nouvelle flèche, faite de chêne recouvert de plomb, pesait 750 tonnes ; elle s'effondra le 15 avril 2019 lors de l'incendie de la cathédrale.

La flèche était gardée par les statues des douze apôtres et des quatre évangélistes, réalisées en cuivre repoussé. Lors de l'incendie de 2019, les statues n'étaient plus en place car elles avaient été déposées quelques jours auparavant, pour des travaux de restauration.

Ces statues sont l’œuvre de Geoffroy-Dechaume et constituent un ensemble en harmonie avec l’esprit du xiiie siècle. Les apôtres sont tous tournés vers Paris, excepté l’un d’eux, saint Thomas patron des architectes, qui se retourne vers la flèche. Celui-ci a les traits de Viollet-le-Duc, l’architecte de la flèche se retournant comme pour contempler une dernière fois son œuvre.

Enfin, le coq situé au sommet de la flèche contenait trois reliques : une petite parcelle de la Sainte Couronne, une relique de saint Denis et une de sainte Geneviève. Ces reliques furent placées à cet endroit en 1935, au temps de Mgr Verdier.

Cette seconde flèche brûle et s'effondre lors de l'incendie du 15 avril 2019.

Nef

La nef se compose d’une sorte d’« avant-nef » ou narthex de deux travées situées sous et entre les tours, suivies de huit autres travées. Le vaisseau central d’une largeur de 12 mètres entre les axes des colonnes est bordé de deux collatéraux à voûtes quadripartites tant au nord qu’au sud, soit un total de cinq vaisseaux pour seulement trois portails, ce qui est exceptionnel. Deux rangées de sept chapelles latérales, construites entre les arcs-boutants du vaisseau s’ouvrent, de la quatrième à la dixième travée, sur les collatéraux extérieurs. L’élévation est à trois niveaux. Le premier est constitué des grandes arcades ouvrant sur les collatéraux intérieurs. Le second correspond à une tribune à claire-voie ouvrant sur la nef par des baies composées de trois arcades, lesquelles reposent sur de fines colonnettes. Au-dessus de ces arcades, les remplages de ces baies sont pleins. Les tribunes sont garnies de petites roses. Enfin, le troisième niveau est celui des fenêtres hautes qui comportent deux lancettes surmontées d’un oculus.

Les 14 chapelles latérales sont éclairées par des fenêtres à quatre lancettes, groupées par deux et surmontées de trois oculi polylobés. D’une part la tribune étant profonde et les vitraux de sa claire-voie très sombres, et d’autre part les fenêtres des chapelles collatérales étant fort éloignées du vaisseau central, l’éclairage de la nef repose essentiellement sur les fenêtres hautes et est de ce fait assez faible. La nef présente plusieurs irrégularités. La première travée est plus étroite que les autres ; il en résulte que la tribune n’y a que deux arcades tandis que la fenêtre haute est une baie simple. De plus elle ne possède pas de chapelle latérale. La dernière travée a une élévation à quatre niveaux, due à Viollet-le-Duc : la fenêtre haute est plus courte, et dans l’espace ainsi formé entre fenêtre haute et niveau des tribunes, on a introduit un oculus dentelé en forme de roue. Une telle structure est analogue à celle du transept voisin. Le chœur, situé plein Est, est très légèrement désaxé sur la gauche par rapport à la nef centrale, ce qui symbolise selon la tradition la tête affaissée du Christ sur la croix.

Autre irrégularité : les colonnes. Entre les piles massives de la croisée et les imposants piliers qui soutiennent l’angle intérieur des deux tours, le vaisseau central est bordé de deux groupes de sept colonnes. Le plan primitif prévoyait des colonnes tout à fait cylindriques analogues à celles du chœur. C’est ce qui fut réalisé à la fin du XIIe siècle pour les cinq paires de colonnes orientales (les plus proches du transept). Par contre les deux paires de colonnes occidentales élevées aux environs de 1220 s’écartent de ce schéma. L’architecte de l'époque abandonna la colonne cylindrique, une des caractéristiques fondamentales de Notre-Dame, pour se rapprocher du modèle chartrain (lié à la cathédrale de Chartres). Il évita cependant que cette différence ne parût trop brutale. Ainsi, il ajouta aux deuxièmes colonnes une seule colonnette engagée, pour faire transition avec les premières colonnes qui en possèdent quatre.

Mays des Orfèvres

On appelle Mays à Notre-Dame une série de 76 tableaux offerts à la cathédrale par la Confrérie des Orfèvres, presque chaque année en date du premier mai (d’où leur nom), en hommage à la Vierge Marie, et ce de 1630 à 1707. Les orfèvres avaient de longue date leur propre chapelle au sein du sanctuaire. En 1449 fut instituée par la confrérie des Orfèvres de Paris la tradition de l’Offrande du May à Notre-Dame de Paris. Cette tradition prit différentes formes au fil du temps. Au xve siècle, il s’agissait d’un arbre, décoré de rubans que l’on dressait devant le maître-autel en signe de piété mariale. Puis la tradition évolua vers le don d’une espèce de tabernacle auquel étaient accrochés des poèmes. À partir de 1533, on accrocha aussi des petits tableaux se rapportant à la vie de la Vierge. On les appelle les petits mays. En 1630 enfin, en accord avec le chapitre, les petits mays furent remplacés par les grands mays. C’étaient de grands tableaux de plus ou moins 3,5 sur 2,5 mètres de dimension.

Ces Mays étaient commandités auprès de peintres de renom. Les peintres devaient soumettre leurs esquisses aux chanoines de la cathédrale. Après la fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture, en 1648, les artistes choisis étaient tous membres ou proches de cette dernière. Ces commandes devinrent rapidement une forme de concours de peinture religieuse. Leur sujet était généralement relatif aux Actes des Apôtres. Après les avoir exposés sur le parvis, on les accrochait au niveau des arcades de la nef ou du chœur. Pour les peintres, c’était une grande promotion de voir ainsi exposée l’une de leurs œuvres, témoignage de leur savoir-faire.

Au début du XVIIIe siècle, la confrérie des Orfèvres éprouva de grandes difficultés financières à la suite de l'état désastreux de la France à cette époque et aux réformes de Colbert, et ce fut la fin de cette belle tradition.

Les Mays furent dispersés à la Révolution et beaucoup disparurent. Récupérés ensuite, ils embarrassèrent au XIXe siècle le restaurateur Viollet-le-Duc qui, orienté vers la pureté de l’art gothique, n’avait que faire de cette encombrante décoration baroque ou classique. Certains se retrouvent actuellement au musée du Louvre, d’autres dans quelques églises ou dans divers musées français. Il en reste une cinquantaine actuellement. Les plus importants furent récupérés par la cathédrale et ornent aujourd’hui les chapelles latérales de la nef de Notre-Dame.

Le revers de la façade est occupé par une tribune d’orgue, qui précède la rosace et en masque la partie inférieure. Celle-ci est consacrée à la Vierge, entourée des prophètes, des vices et des vertus, des travaux des mois et des signes du zodiaque. Cette rose a été en grande partie refaite par Viollet-le-Duc au XIXe siècle. Jusqu'au XIXe siècle, la nef est vide de bancs, les laïcs déambulant pendant les liturgies. Elle est par contre chargée de nombreux autels et pupitres, de statues, de tombeaux et cénotaphes, de tableaux et tapisseries couvrant les parois ou suspendues entre les arcades.

En 1965, les fenêtres hautes de la nef et les roses des tribunes ont enfin été garnies de vitraux colorés remplaçant les verres gris et ternes implantés par les chanoines au XVIIIe siècle. Non figuratifs, ils sont l’œuvre de Jacques Le Chevallier qui a utilisé les produits et couleurs du Moyen Âge. L’ensemble est à dominante rouge et bleue.

Chapelles latérales sud

  1. La première chapelle (travée 4) est l’ancienne chapelle des orfèvres. Depuis 1964, elle leur a été restituée. On y trouve le may de 1651 : La lapidation de Saint Étienne par Charles Le Brun.
  2. La deuxième chapelle héberge le Martyre de saint André également de Charles Le Brun. C’est le may de 1647. On y voit également le martyre de saint Barthélémy œuvre de Lubin Baugin peintre du XVIIe siècle.
  3. La troisième chapelle contient le may de 1643, Crucifiement de Saint Pierre œuvre de Sébastien Bourdon, lequel profite de cette commande exceptionnelle pour se lancer dans une composition audacieuse (complexité des lignes de force par un réseau de diagonales, créant une dynamique baroque inédite dans l’œuvre de l'artiste).
  4. La quatrième chapelle contient Prédication de Saint Pierre à Jérusalem (may de 1642), peinture de Charles Poerson.
  5. La cinquième chapelle contient Le centurion Corneille aux pieds de Saint Pierre, may de 1639, œuvre d’Aubin Vouet.
  6. La sixième chapelle contient le may de 1637, La conversion de Saint Paul par Laurent de La Hyre. On y admire également une Nativité de la Vierge de Le Nain.
  7. La septième chapelle contient le may de 1635, Saint Pierre guérissant les malades de son ombre par Laurent de La Hyre également.

Chapelles latérales nord

D’ouest en est, de la façade vers le chœur :
  • La première chapelle contient les fonts baptismaux confectionnés d’après les plans de Viollet-le-Duc. On y trouve en outre le may de 1634, La descente du Saint-Esprit de Jacques Blanchard, ainsi que L’adoration des Bergers de Jérôme Francken, créé en 1585.
  • Deuxième chapelle : on peut y voir Saint Paul rend aveugle le faux prophète Barjesu, may de 1650 œuvre de Nicolas Loir.
  • La troisième chapelle ou chapelle de la Sainte-Enfance (ou Enfance Missionnaire), contient le reliquaire de saint Paul Tchen, martyr. Ce dernier, séminariste chinois au grand séminaire de Tsingay, en Chine, fut décapité pour sa foi en juillet 1861, avec trois autres chrétiens chinois. Ces quatre martyrs furent béatifiés en 1909 par le pape Pie X et canonisés par Jean-Paul II le 1er octobre 2000. La chapelle abrite aussi le may de 1655 représentant La flagellation de saint Paul et de saint Silas de Louis Testelin.
  • Quatrième chapelle : Le may de 1670 œuvre de Gabriel Blanchard représente saint André tressaillant de joie à la vue de son supplice. La chapelle contient aussi le monument au cardinal Amette créé en 1923 par Hippolyte Lefèbvre.
  • La cinquième chapelle est dédiée à Notre-Dame de Guadalupe au Mexique. Elle contient le may de 1687 représentant le prophète Agabus prédisant à saint Paul ses souffrances à Jérusalem, œuvre de Louis Chéron.
  • Sixième chapelle : may de 1702, Les fils de Scéva battus par le démon par Mathieu Elias. Les fils de Scéva étaient deux exorcistes juifs. On peut y voir aussi Le martyre de sainte Catherine peinture du peintre-graveur Joseph-Marie Vien ; daté de 1752.
  • Enfin la septième chapelle contient la pierre tombale du chanoine Étienne Yvert.

Chœur et son pourtour

Le chœur de la cathédrale est entouré d’un double déambulatoire. Il se compose de cinq travées rectangulaires ou droites surmontées de deux voûtes sexpartites. L’abside est à cinq pans, correspondant à cinq chapelles rayonnantes. L’élévation de la première travée est semblable à celle du transept, c’est-à-dire comporte quatre niveaux : une petite rose est intercalée entre le niveau des tribunes et celui des fenêtres hautes. Par contre les autres travées y compris celles de l’abside, ont une élévation à trois niveaux, semblable à celle de la nef (grandes arcades, tribune et fenêtres hautes). Tout autour du chœur, la tribune est éclairée par des baies à deux lancettes, structure que l’on retrouve au niveau des fenêtres hautes. Les deux lancettes de ces dernières sont surmontées d’un grand oculus.

Le chœur de la Notre-Dame a été profondément remanié au début du XVIIIe siècle, lorsque Robert de Cotte implanta le vœu de Louis XIII suivant la décision de Louis XIV. Les travaux se déroulèrent de 1708 à 1725 et se terminèrent donc bien après la mort de Louis XIV. La cathédrale subit alors quelques pertes irréparables : le cardinal de Noailles (archevêque de Paris) fait détruire le Jubé du XIIIe siècle et le fait remplacer par une lourde décoration que la révolution de 1789 détruira. Une bonne partie de la clôture du chœur, chef-d'œuvre du XIVe siècle est démolie, de même que d’anciens tombeaux, des stalles et le maître-autel. Les murs sont badigeonnée (pour la première fois) et en 1726 le cardinal de Noailles fait refaire « toute la couverture en plomb (poids total du plomb : 220 240 livres), quelques parties de la grande charpente, plusieurs arcs-boutans, les galeries, terrasses, et reconstruire la grande voûte de la croisée qui menaçait ruine ».

En revanche quelques chefs-d'œuvre nouveaux, toujours présents aujourd’hui, firent leur apparition.

Toute la décoration du chœur avait été refaite par Robert de Cotte. Lors de la restauration du XIXe siècle, Viollet-le-Duc désirant en revenir au style essentiellement gothique de l’édifice, supprima certaines des transformations effectuées à cette époque par de Cotte, telles le revêtement des arcades gothiques par des colonnes classiques en marbre supportant des arcs en plein cintre. Il supprima aussi le maître-autel de de Cotte pour en revenir à un autel du Moyen Âge. Du chœur du XVIIIe siècle, il reste cependant encore les stalles et les sculptures que l'on voit derrière le maître-autel.

Composition actuelle du chœur

Pour satisfaire au nouveau rite catholique défini au concile Vatican II, le chœur a été quelque peu agrandi, il occupe désormais également la moitié orientale de la croisée du transept. Un nouvel autel a été commandé par l’archevêque Jean-Marie Lustiger et occupe ce nouvel espace, bien visible à la fois de la nef et des deux croisillons du transept. Situé ainsi près du centre de la cathédrale, le nouvel autel, en bronze, a été réalisé par Jean Touret et Sébastien Touret, artistes d’art sacré, en 1989116. On peut y voir les quatre évangélistes (Saint Mathieu, Saint Luc, Saint Marc et Saint Jean), ainsi que les quatre grands prophètes de l’Ancien Testament, à savoir Ézéchiel, Jérémie, Isaïe et Daniel. Cet autel est entièrement détruit par les conséquence de la chute des gravats et de la flèche lors de l'incendie du 15 avril 2019.

À l’est du chœur, non loin de l’abside on trouve toujours l’ancien maître-autel créé par Viollet-le-Duc au xixe siècle, avec à l'arrière-plan les superbes statues implantées au début du XVIIIe siècle par l’architecte Robert de Cotte et faisant partie du vœu de Louis XIII.

La pietà de Nicolas Coustou est placée derrière l’autel. De part et d’autre de celui-ci se trouvent les statues des deux rois, Louis XIII par Guillaume Coustou et Louis XIV sculpté par Antoine Coysevox. Une série de six statues d’ange en bronze entourent l’ensemble et portent chacun un instrument de la Passion du Christ : une couronne d’épines, les clous de la crucifixion, l’éponge imbibée de vinaigre, l’inscription qui surmontait la croix, le roseau avec lequel le Christ fut fouetté et la lance lui ayant transpercé le cœur.

Les stalles en bois sculpté sont installées des deux côtés du chœur. Il y en avait 114. Il en reste 78, dont 52 hautes et 26 basses. Elles ont été réalisées au début du XVIIIe siècle par Jean Noël et Louis Marteau d’après les plans de René Charpentier et Jean Dugoulon. Les hauts dossiers des stalles sont ornés de bas-reliefs et séparés par des trumeaux décorés de rinceaux et des instruments de la Passion. De chaque côté, les stalles se terminent par une stalle archiépiscopale, surmontée d'un baldaquin avec des groupes d’anges sculptés par Dugoulon. L’une de ces deux stalles est réservée à l’archevêque, l’autre étant destinée à un hôte important. Le bas-relief de la stalle de droite représente le martyre de saint Denis, celui de gauche la guérison de Childebert Ier par saint Germain, évêque de Paris.

Clôture du chœur

Avant les transformations effectuées par Robert de Cotte pour l’installation du vœu de Louis XIII, le chœur était clos par une muraille à soubassement historié, qui, commençant à l’est, c’est-à-dire au sommet de l’abside, se poursuivait vers le nord, et, arrivée à la rencontre du transept, continuait vers le sud, se relevant sur un jubé qui clôturait la partie occidentale du chœur et redescendant de l’autre côté, à l’angle du croisillon méridional, pour achever de ceinturer la totalité du chœur en remontant jusqu’à l’est. Cette œuvre fut mutilée par l’amputation de sa partie orientale d’abord, pour installer des colonnes classiques en marbre pour masquer les colonnes et ogives d’origine, témoins de l’art gothique du Moyen Âge, qualifié alors d'« art médiocre » ou « art barbare ». C'est ensuite sa partie occidentale qui disparut lorsque l'on détruisit le jubé. Elle ne subsiste donc plus qu'a titre de clôture latérale adossée aux stalles des chanoines.

On distingue aujourd’hui la clôture nord de la clôture sud, les deux parties ayant un style et un âge différents. Il s’agit là de deux œuvres majeures de la sculpture gothique, datant des xiiie et xive siècles, représentant une série de scènes des évangiles.

Toutes les scènes représentées, tant au nord qu’au sud, sont polychromes. Les couleurs ont été restaurées au XIXe siècle par l’équipe de Viollet-le-Duc.

La clôture nord date du dernier tiers du XIIIe siècle, peu après l’édification du jubé aujourd’hui disparu (aux environs de 1260). On y a sculpté 14 scènes de la naissance et de la vie de Jésus avant sa passion. Ces scènes s’enchaînent sans rupture entre elles et constituent donc un seul continuum. La clôture sud du chœur peut être datée des premières années du XIVe siècle, époque de la fin du règne de Philippe IV le Bel dont il ne nous reste quasi aucun autre témoignage sculpté. Elle est constituée de neuf scènes des apparitions du Christ après sa Résurrection. À l’inverse des scènes de la clôture nord, celles-ci sont bien séparées les unes des autres grâce à la présence de colonnettes les isolant complètement.

Chapelles du pourtour du chœur

En partant de la droite du chœur, on rencontre d’abord, latéralement à droite, la sacristie des messes dont le fond correspond au bras occidental du cloître du Chapitre (voir plus loin le paragraphe concernant le Trésor de la cathédrale et la Sacristie du Chapitre). La chapelle suivante contient le tombeau de Mgr Denys Affre qui fut tué en 1848, à l'entrée de la rue du Faubourg Saint-Antoine (voir la plaque au 1er étage) Il voulait calmer les émeutiers qui avaient dressé des barricades dans le faubourg car l'armée avait amené des canons sur la place de la Bastille pour tirer sur les barricades. Le général Cavaignac voulut dissuader l'archevêque d'y aller, mais Mgr Affre voulait parlementer pour éviter que l'armée ne tirât. Il fut applaudi sur la première barricade mais lorsqu'il arriva à la seconde, il reçut un coup de feu dans le dos, dans les reins. Il mourut deux jours après.

Suit l’emplacement de l’entrée de la Sacristie du Chapitre qui mène au trésor de la cathédrale. Vient ensuite la Chapelle Sainte-Madeleine contenant la sépulture de Mgr Sibour. Ce dernier, comme Mgr Affre et Mgr Darboy, fut assassiné au cours du XIXe siècle. Il fut poignardé par un prêtre à l'esprit dérangé (et destitué). Le gisant de Mgr Dubois mort en 1929 se trouve dans le déambulatoire contre la clôture du chœur. Il a été réalisé par Henri Bouchard. La Chapelle Saint-Guillaume est la première des cinq chapelles rayonnantes de l’abside de la cathédrale. On y trouve le mausolée du lieutenant-général Henri Claude d’Harcourt par Jean-Baptiste Pigalle, ainsi que la Visitation de la Vierge de Jean Jouvenet, datée de 1716 et le monument de Jean Jouvenel des Ursins et de son épouse Michelle de Vitry (XVe siècle). Le thème de cette composition (« la réunion conjugale ») était défini dans le contrat passé entre le sculpteur et la comtesse le 1er juillet 1771.

Dans la chapelle suivante, Chapelle Saint-Georges, se trouvent le tombeau de Mgr Georges Darboy (fusillé en 1871 avec 30 autres prêtres pris en otage par les Communards), œuvre de Jean-Marie Bonnassieux, ainsi qu’une statue de saint Georges. De 1379 à la Révolution, cette chapelle fut celle des cordonniers. La troisième chapelle ou chapelle axiale de la cathédrale, est la Chapelle de la Vierge ou de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs où l'on trouve les statues d’Albert de Gondi, maréchal de France décédé en 1602, et de Pierre de Gondi, cardinal et évêque de Paris décédé en 1616. Sur un côté de la chapelle se trouve une fresque du XIVe siècle montrant la Vierge et d’autres saints entourant l’âme d'un évêque, Simon Matifas de Bucy. Face à l’entrée de cette chapelle axiale, dans le déambulatoire, juste derrière le chœur, se trouve le gisant de l’évêque Simon Matifas de Bucy (mort en 1304). La chapelle axiale expose depuis peu un coffre-fort de verre rouge, contenant la couronne d'épines du Christ, relique pillée en 1250 à Constantinople par les croisés Francs (dont Baudouin II de Courtenay), rachetée par St-Louis et transférée de la Sainte-Chapelle à Notre-Dame en 1792.

La quatrième chapelle ou Chapelle Saint-Marcel, contient les tombeaux de Mgr du Belloy, cardinal, par Louis Pierre Deseine et de Mgr de Quélen, œuvre d’Adolphe-Victor Geoffroi-Dechaume. Enfin la dernière des chapelles absidiales ou Chapelle Saint-Louis abrite le tombeau du cardinal de Noailles sculpté par Geoffroi-Dechaume. Les dernières chapelles entourant le chœur sont les chapelles latérales nord : dans la Chapelle Saint-Germain on peut voir le tombeau de Mgr de Juigné (décédé en 1809), exécuté d’après les plans de Viollet-le-Duc. Enfin dans la chapelle suivante qui précède la Porte Rouge, ou Chapelle Saint-Ferdinand, on trouve les mausolées de Mgr de Beaumont (mort en 1781) et du maréchal de Guébriant (mort en 1643). On peut aussi y voir le priant du cardinal Morlot (mort en 1862).

Transept

Le transept est plus large que la nef (plus ou moins 14 mètres contre 12 pour la nef). Il n’a pas de bas-côtés, la stabilité de l’ensemble étant assurée par les contreforts extérieurs.

Le transept comprend la croisée du transept et deux croisillons de trois travées. Les deux travées les plus proches de la croisée du transept sont couvertes d’une voûte sexpartite, la troisième d’une voûte quadripartite. Dans les deux premières travées, l’élévation est à quatre niveaux, et non pas trois comme la nef. Les grandes arcades, s’ouvrent sur les bas-côtés de la nef. Le deuxième niveau est toujours constitué des tribunes. Ce qui change est l’adjonction d’un troisième étage formé d’oculi semblables à des roues. Le quatrième niveau enfin est celui des fenêtres hautes. Celles-ci sont plus petites que celles de la nef, puisque l’adjonction des oculi les a amputés de la hauteur correspondante. Au total le sommet de la voûte atteint la même hauteur que celui de la nef ou du chœur.

Le mur de la troisième travée est plein au niveau des grandes arcades. Il est ensuite surmonté de deux niveaux d'arcatures décoratives aveugles dans le croisillon sud, mais d'un niveau seulement dans le croisillon nord.

La partie orientale de la croisée du transept est occupée par le nouveau maître-autel de la cathédrale (voir le paragraphe concernant le chœur de la cathédrale).

Croisillon sud et sa rosace

Rosace Sud



On y trouve un tableau d'Antoine Nicolas, La Fontaine de la Sagesse réalisé en 1648.

Contre le pilier sud-est de la croisée du transept se trouve une statue de la Vierge à l'Enfant dite Notre-Dame de Paris (la véritable statue détenant ce titre est celle du trumeau de la porte du cloître). Elle est datée du XIVe siècle et provient de la chapelle Saint-Aignan située dans l'ancien cloître des Chanoines de l'Île de la Cité. Elle fut transférée à Notre-Dame en 1818 et placée d'abord au trumeau du Portail de la Vierge en remplacement de la Vierge du XIIIe siècle mutilée en 1793. En 1855, Viollet-le-Duc la posa à son emplacement actuel.

Tout près de là, se trouve une plaque rappelant que c’est dans la cathédrale Notre-Dame de Paris qu’a eu lieu le procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc.

Presque face à la statue de la Vierge Notre-Dame, sur le pilier sud-ouest de la croisée, se trouve le mémorial au million de morts de l’Empire Britannique tombés durant la Première Guerre mondiale et dont la plupart reposent en France. Avant la Révolution, se trouvait accolée au premier pilier oriental, côté sud, une statue équestre en bois de Philippe IV le Bel dressée en ex-voto, face à l'autel de la Vierge, le roi ayant attribué sa victoire du Mons-en-Pévèle à la protection de Marie.

On peut également voir dans ce croisillon une plaque signalant l’endroit où se trouvait Paul Claudel en décembre 1886, lorsque, âgé de 18 ans et brusquement touché par une illumination religieuse, il se convertit au catholicisme.

L’énorme rosace de 13,1 mètres de diamètre, offerte par saint Louis et située au haut du mur d’extrémité du croisillon, conserve une partie seulement de ses vitraux d’origine, certains d’entre eux ayant été remplacés lors d’une restauration en 1737. La rosace souffrit encore lors de la révolution de 1830, à la suite de l’incendie de l’archevêché tout proche. Elle subit dès lors une nouvelle restauration menée par Viollet-le-Duc qui la fit pivoter de 15 degrés afin de lui donner un axe vertical robuste pour la consolider. Elle est organisée autour du Christ qui en occupe le centre. Tout autour sont représentées les vierges sages et les vierges folles, des saints et des saintes, des anges, des apôtres.

Croisillon nord et sa rosace

Rosace Nord


On peut y voir contre le pilier nord-est de la croisée du transept, une statue de saint Denis, œuvre de Nicolas Coustou.

Le mur de fond du croisillon nord comporte trois niveaux : une porte, surmontée d'un pan de mur sans ornement. Le deuxième niveau est constitué d'une claire-voie à neuf arcades de deux lancettes. Enfin un troisième étage est constitué de la rosace. À l’inverse de la rosace sud, la rosace nord a conservé presque intacts ses vitraux originels du XIIIe siècle. Le centre est occupé par la Vierge Marie. Autour d’elle gravitent les juges, les rois, les grands prêtres et les prophètes de l'Ancien Testament.

La partie inférieure du mur de fond de ce bras du transept s'ouvre sur le portail du cloître.

Lustres

Au Moyen Âge, on appelait lampesier ou lampier un lustre en forme d’anneau souvent de large diamètre, portant des petits godets à huile munis de mèches, et suspendu par une ou plusieurs chaînes, ordinairement trois. Il pouvait être en fer, en bois ou encore en argent ou en cuivre. Ces lampiers portaient parfois un grand nombre de godets ou de chandelles de cire : on les appelait alors « couronnes de lumière ». Elles étaient allumées à l’occasion des grandes fêtes et autres solennités.
Les grandes cathédrales, dont Notre-Dame, en étaient pourvues. Ces « couronnes » étaient richement ornées : faites de cuivre doré, on leur adjoignait des émaux, des boules de cristal, des dentelles de métal et d'autres ornements destinés à leur donner un aspect éblouissant. Ces « couronnes de lumière » n'avaient pas pour seules fonctions d’éclairer et d’enjoliver le sanctuaire ; elles avaient aussi une fonction religieuse : elles représentaient aux jours de fête la lumière du Christ éclairant le monde.

Au XIXe siècle, Notre-Dame de Paris avait perdu sa grande « couronne de lumière » et Viollet-le-Duc avait notamment pour mission de reconstituer le mobilier gothique du sanctuaire. Il s’attacha à élaborer les dessins d’une nouvelle « couronne » dans le style gothique. La « couronne de lumière » actuelle est à deux rangs, surmontée de tourelles en cuivre doré. Elle a été exécutée à l’époque par l’orfèvre Placide Poussielgue-Rusand. Pendue normalement à la croisée du transept, elle a été déposée en 2007 et installée à la basilique Saint-Denis.

Quant aux autres lustres de la nef de la cathédrale, ils sont en bronze doré et datent de la même époque.

Grand orgue

Grand orgue


Le grand orgue actuel de Notre-Dame de Paris est le fruit des travaux successifs de plusieurs grands facteurs d’orgue : construction dans le buffet actuel par François Thierry en 1733, reconstructions par François-Henri Clicquot en 1783, puis par Aristide Cavaillé-Coll en 1868 ; restaurations par Boisseau depuis 1960, avec la collaboration de Synaptel en 1992. En 1868, il comprenait 86 jeux. À l’heure actuelle, après de multiples ajouts et restaurations, il compte 115 jeux réels depuis 2014. On dénombre près de huit mille tuyaux. La transmission est devenue numérique pour les cinq claviers ainsi que le tirage des 115 jeux réels. Après celui de l'église Saint-Eustache de Paris, il est le deuxième plus grand orgue de France.

Parmi ses anciens titulaires, on peut citer Armand-Louis Couperin (1755–1789) et Claude Balbastre (1760-1793). Ce dernier a composé en 1793, à une période où la cathédrale était transformée en temple de la Raison et où l'instrument était menacé de destruction, les pièces Variations sur le thème de la Marseillaise : Marche des Marseillois et sur l'air de Ça ira.

Plus récemment, ses titulaires ont été Louis Vierne 1900-1937 (avec pour assistants Maurice Duruflé et Léonce de Saint-Martin), Léonce de Saint-Martin (1937-1954), Pierre Cochereau (1955-1984), Yves Devernay (1985-1990).

Les titulaires actuels du grand orgue sont Olivier Latry (1985), Philippe Lefebvre (1985), Vincent Dubois (2016). Jean-Pierre Leguay (1985-2015) est nommé organiste titulaire émérite.

L'incendie d'avril 2019 ne semble pas l'avoir gravement endommagé, mais l'orgue nécessite un important travail de dépose et de restauration.

Actuel orgue de chœur

Orgue de chœur


L’orgue de chœur comprend trente jeux répartis sur deux claviers et un pédalier. Il comporte deux mille tuyaux et est placé du côté nord du chœur, au-dessus des stalles.

Son titulaire est Yves Castagnet depuis 1988 et Johann Vexo est l'organiste suppléant depuis 2004.

En 1863, on installa un orgue de Joseph Merklin dans un buffet gothique dessiné par Viollet-le-Duc. Il fut plusieurs fois modifié et restauré. On l’installa au-dessus des stalles du côté nord du chœur. De restauration en restauration, il fut jugé irrécupérable en 1966, et remplacé en 1969 par l’orgue actuel créé par Robert Boisseau.

L'incendie d'avril 2019 a épargné l'instrument. Les tuyaux n'ont pas fondu mais l'orgue a pris l'eau dans de telles proportions qu'il faudra des années de remise en état.

Musique sacrée à Notre-Dame de Paris

Musique sacrée à Notre-Dame de Paris est le nom de la structure qui gère l’enseignement musical et l’animation des offices à Notre-Dame.

Pendant une quinzaine d’années (jusqu’en 2006), chœurs et maîtrise ont été dirigés par Nicole Corti, actuellement professeur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon (CNSMDL). Elle y avait été formée par Bernard Têtu (également directeur musical des Chœurs et solistes de Lyon). En septembre 2006, Lionel Sow a pris la direction de l’ensemble de la Maîtrise Notre-Dame de Paris (Chœur d’enfants, Jeune Ensemble et Chœur d’adultes). Depuis 2002, il était assistant de Nicole Corti, auprès des enfants de la maîtrise. En outre, à partir de 2004, il a commencé à diriger régulièrement le Chœur de Radio France. Depuis 2014, il est le chef du chœur de l'Orchestre de Paris. C'est le chef de chœur et organiste Henri Chalet qui le remplace à Notre-Dame (Henri Chalet y était déjà chef assistant et professeur).

Depuis 1994, Sylvain Dieudonné est également chef de chœur à Notre-Dame ; il est responsable du Département de musique médiévale. Spécialiste du chant grégorien, il enseigne et dirige la liturgie grégorienne à Notre-Dame. Il est aussi chercheur et musicologue.

Actuellement, le chœur d’enfants est dirigé par Émilie Fleury.

Ensembles musicaux invités

Notre-Dame de Paris accueille régulièrement des ensembles vocaux ou instrumentaux, français ou étrangers.

Le dernier à avoir donné un concert à Notre-Dame (12 avril 2019) a été le SAMOHI Choir (Santa Monica High School (en) Choir), un chœur californien de haut niveau composé d'une soixantaine de choristes, filles et garçons âgés de 16 à 18 ans pour la plupart. Cet ensemble, qui venait d'effectuer une tournée en France, s'est encore produit le lendemain 13 avril à l'église Saint-Sulpice de Paris.

Les Cloches

En 1769, la cathédrale comporte huit cloches dans la tour nord, deux bourdons dans la tour sud (Emmanuel et Marie) et sept cloches dans la flèche. Les huit cloches de la tour nord ainsi que le bourdon Marie sont descendues et fondues entre 1791 et 1792 pour fabriquer les canons dont a besoin l’armée révolutionnaire. Seul le bourdon Emmanuel dans le beffroi de la tour sud a échappé à sa destruction ; il a été replacé en 1802. La grande cloche dont parle François Villon dans son Grand Testament, datée de 1461, avait été donnée en 1400 à la cathédrale par Jean de Montagu, frère de l’évêque de Paris, qui l’avait baptisée Jacqueline, du nom de sa femme Jacqueline de La Grange. Jacqueline est refondue une première fois en 1680 puis, une nouvelle fois en 1682 par Florentin Le Guay. Le parrain de la cloche fut le roi Louis XIV et la marraine, son épouse Marie-Thérèse d'Autriche. C’est pourquoi on lui donna le nom Emmanuel-Louise-Thérèse, du nom d’un des petits-fils de Louis XIV, à moins qu’il ne s’agît du chanoine Emmanuel qui avait supervisé la fonte de la cloche.

Bourdon Emmanuel de 1685

Comme en atteste son inscription, une dernière refonte de la cloche est menée à bien en 1685 par les maîtres fondeurs Chapelle, Gillot et Moreau car elle ne trouvait pas d’accord avec les autres cloches. Et tandis que Jacqueline ne pesait que quinze milliers de livres françaises (environ 7 340 kilogrammes), Emmanuel en pèse près du double, soit 13 271 kilogrammes, le battant à lui seul pesant 490 kilogrammes.

Sonnant en fa dièse (fa dièse 2), cette cloche est considérée par bien des campanologues comme l’une des plus belles en Europe et n’est sonnée qu’en de rares occasions (à Noël, à Pâques, à la Pentecôte, à l’Assomption ou encore pour la mort du Pape). Elle a un diamètre à la base de 2,62 m, une hauteur réputée identique et une épaisseur maximum de 21 cm66.

Ancienne sonnerie (1856-2012)

En 1856, quatre cloches, appelées les Benjamines, sont réalisées par la fonderie Guillaume et Besson à Angers et installées dans la tour nord. Elles ont accompagné la vie religieuse et patriotique parisienne pendant plus de 150 ans. Mais mal accordées et usées prématurément, elles ont été descendues le 20 février 2012 avec un treuil, à travers une succession d'oculi, jusque sur les dalles du narthex, pour ensuite être entreposées. Il est prévu de les fondre, mais cela provoque des contestations de personnes voulant les préserver, notamment d’une communauté religieuse proposant de leur offrir une deuxième vie. Propriété de la direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France, elles sont finalement exposées rue du Cloître-Notre-Dame à proximité de la cathédrale à partir du 18 février 2014.

Nouvelle sonnerie (2013)

Pour les 850 ans de la cathédrale, le conseil de fabrique de la cathédrale a décidé de recréer la sonnerie de 1769139,140. Huit cloches ont été coulées par la fonderie Cornille-Havard située alors à Villedieu-les-Poêles (commune déléguée de Villedieu-les-Poêles-Rouffigny depuis le 1er janvier 2016), le second bourdon (Marie) a été réalisé le 14 septembre 2012 par la fonderie Royal Eijsbouts, aux Pays-Bas. Elles ont été bénies le 2 février 2013 par le cardinal André Vingt-Trois. La première sonnerie a eu lieu la veille du dimanche des Rameaux, le 23 mars 2013142,143. Les dix cloches sont accordées en fa dièse majeur.

En 2016, d'importants travaux de restauration du bourdon Emmanuel furent réalisés et la cloche se tut pendant 18 mois.

Cloches de la flèche et des combles

L’ensemble de la sonnerie de Notre-Dame est complété par trois cloches situées dans la flèche de la cathédrale. Leur installation eut lieu en 1867. Elles sonnent le sol 3, le si bémol 3 et le ré 4 (cloche du Chapitre). Elles ont été munies, en 2012, de marteaux commandés électroniquement leur permettant de sonner en « fausse volée » (la cloche sonne sans bouger, un marteau vient la frapper avec une cadence réglée, imitant ainsi le balancement de la cloche). Jusqu'au 23 mars 2013, les deux plus petites sonnaient alors les messes, à défaut d'autres cloches. Dorénavant, ces trois cloches sonnent l'élévation avec celles du comble lors des grands offices, peuvent jouer des mélodies en accord avec les dix cloches des tours, et la plus petite, la cloche dite « du chapitre » sonne trois minutes au début de chaque office directement lié au chapitre.

Enfin, trois petits timbres d'horloge (de forme hémisphérique) sonnant le la 4, le do dièse 5 et le ré 5, sont installés dans les combles. Ils tintent lors des offices pendant la consécration et ne sont pas audibles de l'extérieur. Ils servaient jadis à sonner les quarts et les heures ; ils retrouvent cet usage une fois par an, pour sonner minuit lors de la nuit de Noël, et lancer la procession de la Solennité de la Nativité du Seigneur.

Trésor de Notre-Dame de Paris

Les inventaires de 1343 et 1416 ne mentionnent pas les salles primitives qui abritent le premier trésor de Notre-Dame de Paris, utilisé comme réserve monétaire en cas de besoin. Les rois de France en vendent des pièces ou les envoient à la fonte en période de crise ou de guerre. Pillé en 1793, le trésor est reconstitué à partir de 1804, avec notamment la remise à l'archevêché de Paris des reliques de la Sainte-Chapelle puis il est enrichi par des dons et des commandes du Chapitre.

Le trésor actuel de Notre-Dame de Paris est exposé dans l'immeuble néo-gothique de la Sacristie du Chapitre, construit de 1840 à 1845 sous la houlette de Lassus et Viollet-le-Duc, et situé au sud du chœur de la cathédrale. On y accède par une des chapelles latérales droites du chœur. Le public peut actuellement le visiter tous les jours sauf le dimanche. On peut y voir notamment des pièces prestigieuses comme la Couronne d’épines et d'autres reliques de la Passion du Christ, ostensoirs et reliquaires, un grand lutrin à la baroque envolée, une collection de camées des papes.

Sacristie du chapitre

Dans les années 1830, la construction d’une nouvelle sacristie du chapitre s’imposait. En effet, le bâtiment précédent, construit par Soufflot en 1758, et gravement endommagé lors des émeutes du 29 juillet 1830, avait connu un triste sort le 14 février 1831. Ce jour-là en effet le palais archiépiscopal et la sacristie furent pillés et détruits. Le budget de 2 650 000 francs pour la restauration de la cathédrale, voté par l'Assemblée nationale en 1845, permettait non seulement la réfection du sanctuaire, mais aussi la construction de cette sacristie, et ce pour un montant de 665 000 francs francs pour le gros œuvre. Comme on l’a vu, l’édification de cette dernière s’avéra bien plus coûteuse, le sous-sol très instable nécessitant des fondations profondes de quelque 9 mètres. Quant au style, Viollet-le-Duc opta pour celui du XIIIe siècle pour le mettre en harmonie avec le chevet de la cathédrale.

La sacristie est reliée à la cathédrale par deux bras parallèles enserrant de ce fait un espace affecté à un petit cloître carré, le cloître du Chapitre.

Vitraux de la sacristie du chapitre

Les vitraux avaient été prévus blancs au départ, mais Prosper Mérimée ayant souligné les inconvénients de cette absence de coloration, on en vint rapidement à mettre en place des vitraux de couleur. Ceux de la salle principale de l’édifice qui représentent une série d’évêques de Paris furent exécutés par Maréchal de Metz.

Les arcatures des galeries du cloître possèdent dix-huit verrières dont les vitraux sont de couleurs plus légères, œuvre d'Alfred Gérente d’après les dessins de Louis Steinheil. Ces verrières représentent la légende de sainte Geneviève, patronne de la ville de Paris. On peut voir au bas de chaque vitrail une inscription latine décrivant la scène[réf. souhaitée]. Seules les six dernières scènes de la vie de la sainte peuvent être admirées par les visiteurs. Ce sont ceux qui se trouvent dans le couloir donnant accès au Trésor. Au sommet de la principale verrière du cloître, se trouve un vitrail représentant le couronnement de la Vierge.

Reliquaires et reliques

Les pièces principales exposées au trésor sont les reliquaires de la Sainte Couronne d’Épines et d’un fragment de la Croix du Christ, ainsi qu’un clou de cette dernière. Ne sont présentés au public que les reliquaires que divers donateurs du XIXe siècle (dont Napoléon Ier et Napoléon III) offrirent pour les accueillir, puisque lors de la Révolution le trésor fut pillé, et les divers objets qu’il contenait dispersés ou détruits.

Le second reliquaire de la Sainte Couronne d’Épines, réalisé en 1862 par Placide Poussielgue-Rusand


La pièce centrale du trésor est le reliquaire de la Croix Palatine qui s’y trouve depuis 1828. On la nomme ainsi parce qu’elle a appartenu à la princesse Palatine Anne de Gonzague de Clèves morte au XVIIe siècle. Ce reliquaire est destiné à contenir un morceau de la vraie Croix ainsi qu’un clou de cette dernière. On y trouve une lame en or avec inscription en grec attestant que le fragment a appartenu à l’empereur byzantin Manuel Ier Comnène mort en 1180.

La Couronne d'Épines dans le reliquaire circulaire en cristal de 1896


Autre pièce de grande valeur, l’ancien reliquaire de la Sainte Couronne d’Épines qui fut créé en 1804 par Charles Cahier. Selon la tradition, la Couronne d’Épines fut acquise de Baudouin II de Courtenay, dernier empereur latin de Constantinople, par saint Louis, roi de France. Elle est visible durant le carême et la Semaine Sainte. Lors de la restauration de 1845 effectuée par l’équipe de Viollet-le-Duc, la création d’une nouvelle châsse-reliquaire pour la Couronne d’Épines s’imposa. Ce nouveau reliquaire, en bronze et argent dorés, diamants et pierres précieuses, date de 1862. Il a une hauteur de 88 cm pour une largeur de 49 cm. Il fut réalisé d’après le dessin de Viollet-le-Duc par l’orfèvre Placide Poussielgue-Rusand, le même qui exécuta la Couronne de lumière de la cathédrale. Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume a collaboré à sa réalisation pour la sculpture des figures.

La chemise de Saint Louis


Le trésor contient aussi des reliques de saint Louis, roi de France : des vêtements (dont la chemise de Saint Louis), un fragment de sa mâchoire et d’une côte.

Autres objets du trésor

Ce sont surtout des objets datant des xixe et xxe siècles qui sont exposés, les pièces possédées antérieurement ayant été en grande partie pillées, détruites, dispersées ou fondues à la Révolution.

  • Il existe de nombreux manuscrits précieux et des livres imprimés exposés dans les couloirs.
  • Une collection d’ornements sacerdotaux dont le Grand lutrin de Notre-Dame.
  • Souvenirs de Viollet-le-Duc et de son travail de restauration, souvenirs aussi des trois archevêques assassinés (Mgr Affre, Mgr Sibour et Mgr Darboy), ainsi que de Paul Claudel et de sa conversion dans l’enceinte de Notre-Dame.
  • Dans la salle principale, se trouve une collection d'orfèvrerie, dont les reliquaires, notamment une Vierge à l’Enfant, offerte à la cathédrale par le roi Charles X en 1826, œuvre d’Odiot. Dans la même salle, on peut voir une vaste collection d’objets du culte (ciboires, burettes, aiguières, etc.).
  • Souvenirs des papes : ciboires de Léon XIII et de Jean XXIII.
  • Dans la salle capitulaire, une collection de 258 camées à l’effigie de tous les papes depuis saint Pierre jusqu’à Pie IX.
  • Parmi les objets antérieurs à la Révolution, rassemblés dans un meuble spécialement dessiné par Viollet-le-Duc, se trouve une croix en ébène et cuivre, avec un Christ en ivoire attribué à François Girardon.
  • Parmi les œuvres les plus récentes, on peut voir une cuve baptismale et son aiguière ainsi qu’un chandelier pascal, œuvres du sculpteur et orfèvre Goudji (1986). Lors des JMJ de 1997, Jean-Paul II utilisa cette cuve baptismale : depuis lors, l’image du baptême des catéchumènes dans la cuve baptismale de Goudji a fait le tour du monde.

Protection du patrimoine

Classée MH (1862)

Propriété de l'État (cad. 2014 AX 2) au cœur de l'île de la Cité, site protégé par arrêté du 6 août 1975, la cathédrale Notre-Dame de Paris, consacrée à une utilisation cultuelle et ouverte au public, est classée monument historique sur la liste de 1862. La médiathèque de l'architecture et du patrimoine conserve plus de 3 000 illustrations du monument. Près de 400 œuvres (éléments d'architecture, sculptures, tableaux, verrières, orgues, monuments funéraires, œuvres d'orfèvrerie, livres, etc.) conservées dans la cathédrale sont classées monument historique au titre d'objet.

Patrimoine mondial (1991)

La cathédrale Notre-Dame est l'un des chefs-d'œuvre d'architecture du Moyen Âge réunis par le paysage fluvial des rives de la Seine à Paris, site classé en 1991 sur la liste du patrimoine mondial par l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) au titre des critères (i) (« représenter un chef-d'œuvre du génie créateur humain »), (ii) (« témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages ») et (iv) (« offrir un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine »). Elle constitue une référence dans la diffusion de l'architecture gothique, illustrant les manières de bâtir utilisées à partir du XIIe siècle.

Tourisme

Notre-Dame de Paris est, avec environ vingt millions de pèlerins et visiteurs par an, dont quatorze millions entrant dans la cathédrale, records atteints en 2012, le monument le plus visité de France (devant la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, le musée du Louvre, le parc du château de Versailles et la tour Eiffel). Soit une moyenne de plus de 30 000 personnes par jour. Avant l’incendie de 2019, les jours de grande affluence, ce sont plus de 50 000 pèlerins et visiteurs qui y pénétraient.

Egger Ph.